lundi 17 mai 2010

Jeanne Verdoux




























Jeanne Verdoux profite de ses trajets dans le monde confiné du métro new-yorkais pour croquer à la sauvette les passagers qui l'entourent. Ses dessins, dont la Frederieke Taylor Gallery propose actuellement une petite sélection, sont le témoin d'un échantillon de la population new-yorkaise contemporaine, façon chronique du quotidien ordinaire.
Parisienne de souche, Jeanne Verdoux est une artiste en mouvement. Après des études de graphisme à Londres, elle obtient le prix Hors-les-Murs de la Villa Médicis et s'envole pour New York, où elle peaufine son art depuis une dizaine d'années dans son atelier de Bed Stuy, le quartier noir de Brooklyn.

Sous l'influence de ses parents, de fervents lecteurs du New Yorker, Jeanne Verdoux s'imprègne de l'esprit caustique du magazine, considéré comme le panthéon de l'illustration humoristique. « Du plus loin que je me souvienne, il y avait toujours un exemplaire du New Yorker qui traînait à la maison. Je perpétue la tradition, dit-elle, avec des bulletins d'abonnement détachables, éparpillés dans chaque pièce ». Ces coupons de quelques centimètres, en partie noircis par les lignes et les pointillés, deviennent le support de ses personnages croqués in situ dans le métro. « C'est un détournement de la fonction initiale du papier, à visée communicante et commerciale », indique-t-elle. Un pied de nez en guise d'hommage au magazine de l'élite dans lequel elle rêve de placer un jour l'un de ses dessins. Il la délivre aussi de l'esprit psychanalytique et du poids de l'art conceptuel du magazine. « C'est un acte libérateur », plaisante-t-elle.

L'art instantanné
Instinctifs dans leur réalisation, ses croquis lui rappellent les cours de nu des Beaux-arts. « C'est un bon exercice, avec un format et un délai de réalisation déterminés et des modèles vivants », explique Jeanne Verdoux. Le dessin se fait toujours au crayon noir. Le trait est rapide, en un geste limité par le temps, qui ne s'arrête qu'une fois la surface blanche obscurcie. « Je n'aime pas les surfaces trop propres, trop blanches, trop lisses, et encore moins les dessins inachevés », révèle l'artiste, qui utilise beaucoup de matériaux recyclés dans ses œuvres. Un peu comme les graffeurs, elle considère l'exécution de ces dessins volés comme une performance et un nouveau défi à relever à chaque intervention. « Un dessin ne doit pas me prendre plus de 5 minutes. Il me faut donc un minimum de deux stations pour réaliser un croquis. Quatre stations, c'est le gage d'un dessin réussi », déclare-t-elle.

Assumant son coté ethnologue, l'artiste révèle les ingrédients constitutifs de l'identité de New York et de sa culture multi-ethnique. Silhouettes au pantalon extra-large des danseurs de hip-hop, vieilles dames aux chapeaux excentriques, barbes de rabbin. Le métro est un laboratoire et un atelier en mouvement. Jaunes, rouges, noires... À l'image des lignes colorées du métro new-yorkais qui serpentent entre les blocs et sillonnent les différents quartiers de la ville, les protagonistes involontaires des petites scènes souterraines de Jeanne Verdoux illustrent sa vision d'une Amérique au quotidien.
« Ce n'est peut-être pas la vision la plus juste, mais ce sont mes New-Yorkais, et c'est comme ça que je les aime », achève-t-elle.

vendredi 14 mai 2010

lundi 3 mai 2010